Cet article propose un approfondissement, après le spectacle auquel ont assisté certaines classes du Lycée Comte de Foix, Une operette à Ravensbrück, de Germaine Tillion (finement analysée par Mme Staccato sur son blog ici), pour montrer combien l'Art peut être un outil formidable pour conserver et transmettre la mémoire des erreurs passées et de la folie humaine.
Couverture du deuxième volume de la bande dessinée Maus d'Art Spiegelman |
Roman graphique en deux tomes parus en 1986 et 1991, il met en scène l'auteur qui cherche à rassembler les souvenirs et témoignages de son père, rescapé du camp de concentration d'Auschwitz durant la deuxième guerre mondiale.
D'une grande maîtrise graphique (en noir et blanc, à l'encre et à la plume), la grande force de l'ouvrage est de remplacer les personnages par des animaux: les nazis sont des chats et les juifs des souris. Ainsi il crée une distance qui lui permet de dessiner les pires scènes de l'histoire (chambre à gaz, charniers, exécutions...) sans tomber dans choc des images morbides.
En 2012 sort le livre MetaMaus, qui retrace la difficile écriture de cette bande-dessinée de 250 pages.
Les deux tomes de Maus sont disponibles aux CDI du lycée et du collège et peuvent être utilisé comme oeuvre de comparaison, au brevet Histoire des arts, pour certaines oeuvres vues en Histoire.
Peut-on faire des images d'Auschwitz après toutes celles que le monde entier a pu voir et associer à l'horreur des camps d'extermination nazis ? Confrontée à cette question lorsqu'elle se voit passer la commande d'un film sur Birkenau pour le Mémorial de la Shoah, Natacha Nisic a répondu par l'affirmative. De même qu'on peut écrire, peindre, composer de la musique, danser après Auschwitz, on peut aussi produire de ces lieux de torture des images toutes autres qui ne soient ni oublieuses de l'histoire, ni irrespectueuses de l'incommensurable souffrance endurée, et qui pourtant témoignent de la vie plus que de la mort, de la lumière, de l'émotion engendrée par la surface irisée d'un plan d'eau. C'est en tout cas ce qui ressort des œuvres réunies par la jeune femme au musée Zadkine, où elle présentait des vidéos et des photographies prises à Auschwitz au cours de plusieurs voyages entre 2003 et 2005. Chaque mètre carré de terre, chaque arbre, chaque brin d'herbe, ici, est un point sur une carte dont tout les sites sont des repères de la mémoire universelle. Quand Natacha Nisic photographie une mare, c'est la « mare près de la chambre à gaz et du crématoire IV » ou du « crématoire II ». Quand elle film un réservoir, il est situé « près de la rampe, le long de la voie ferrée » et les arbres que l'on aperçoit sont ceux du « petit bois de bouleaux » de sinistre mémoire. Pourtant, , quand, 'soixante ans après », tôt le matin, elle réalise ses images, l'artiste est frappée par la sérénité des lieux. « Le réservoir est une surface tranquille, presque immobile, qui reflète le ciel dans un rectangle lumineux. » Sur le bord de béton, un crapaud attire l'attention. Elle le photographie comme un signe de vie, sans s'apercevoir qu'elle photographie en même temps une autre forme au fond du réservoir, forme qui, au développement, se révélera être un deuxième crapaud et provoquera l'effroi de l'artiste tant qu'elle y reconnaîtra le masque de la mort. « L'image porte en elle sa propre contradiction », comment Natacha Nisic. De même, l'exposition comportait de superbes vues d'arbres inspirant, elles, non la terreur, mais un étrange sentiment de douceur. S'interrogeant sur le statue des images – leur valeur documentaire et esthétique, le poids de l'interprétation, la notion de preuve -, Nisic a aussi filmé l'extérieur du camps, les immeubles d'une banlieue ordinaire à quelques kilomètres, les gens à leur fenêtres dont, inévitablement, on se demande, soupçonneux, ce qu'ils observent... En contrepoint, le musée expose des sculptures de Zadkine réalisées alors qu'il vivait en exil à New York. Parmi celles-ci, la Prisonnière, conçue, fin 1943, d'après des photographies de camps de concentration.
Catherine Francblin , article du magazine Art Press de novembre 2005
Natacha Nisic, Effroi, 2005, photographie |
La vidéo de la porte de Birkenau, ainsi que le mémorial des enfants, qui n'est pas sans rappeler le travail de Boltanski, sont visible au mémorial de la Shoah de Paris.
Natacha Nisic, le mémorial des enfants, 2005, installation |
Christian Boltanski, sans titre,1989, installation |
Le site de Natacha Nisic ici
Natacha Nisic est actuellement exposée au jeu de Paume (vidéo de l'expo ici)
Un très bon article sur l'ambiguité du geste de Dieudonné et ses suites judiciaires iciUn blog qui démontre par l'image le caractère antisémite du "salut de la quenelle" ici
Un court film d'Alain Renais, cinéaste de la nouvelle vague, pose cette question de la mémoire de la Shoah, en mélangeant images d'archives et prises de vues contemporaine du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau: Nuit et brouillard (1955), dont vous pouvez voir le début ci-dessous, ou en intégralité en suivant ce lien.
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