mercredi 14 janvier 2015

L'oeuvre de la semaine

Robert Indiana, Love, sculpture public à New-York
L'oeuvre de la semaine passée est une sculpture de l'artiste Pop Robert Indiana, réalisée en 1970 d'après une peinture de 1967, et déclinée en plusieurs versions dans le monde entier.
Robert Indiana utilise dans ses peinture et ses sculptures des mots simple et percutants qu'il présente en utilisant les stratégies de la publicité.
Ainsi il nous amène à réfléchir sur des notions et des concept comme aimer, manger ou mourir utilisé comme des slogans de la vie quotidienne ou comme des produits commercialisables.

Robert Indiana (b. 1928), The Demuth American Dream #5, 1963. Oil on canvas, 141 3/4 × 141 3/4 in. (360 × 360 cm). Art Gallery of Ontario, Toronto;
Triste anecdote, dans le même moment où nous analysions en classe cette sculpture qui amorçait un sujet intitulé All you need is love, deux terroristes assasinaient de sang froid douze personnes dans les locaux du journal Charlie Hebdo...

C'est un peu pour cela que l'oeuvre de cette semaine sera la couverture de l'hebdomadaire, sorti aujourd'hui en France à plus de 3 millions d'exemplaires, et réalisé par Luz.


La pression était forte et l'enjeu difficile, mais il me semble que nous avons là une couverture réussie qui va devenir la Une historique du journal, comme celle de la mort du général De Gaulle pour Hara-Kiri.

Le trait de Luz, assez similaire à celui de Jul et de Charb, n'est pas le plus interessant dans le monde de la caricature. Il est simple et direct mais il est la marque de fabrique du journal.

La réussite tient plutôt dans l'image en elle même, qui arrive à condenser toutes les problématiques de ces dernières semaines sans verser dans le pathos (pas de fond noir par exemple).
Nous avons là un humour provocateur typique du journal, qui cherche à faire rire, avec peut être plus de finesse qu'a son habitude.

En representant le Prophète Mahomet, Charlie Hebdo enfonce le clou et affirme que le journal ne pliera pas devant les menaces terroristes, aussi violente soient elles.

La recuperation du slogan Je suis Charlie est très adroite et la tourne en dérision autant qu'elle y fait hommage.
Une larme indique que même Mahomet est attristé par cette histoire, balayant les accusations islamophobes que s'attire régulièrement le journal.
Enfin le titre Tout est pardonné laisse le choix au lecteur car on ne sait pas vraiment qui pardonne quoi à qui. Mahomet au journal ? Le journal aux terroristes ?
La lecture est multiple, de la même façon que les millions de personnes qui se sont rassemblées les jours derniers, partout en France, n'y sont peut être pas allés pour les mêmes raisons...

Une explication de Luz sur cette couverture ici



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