Dans ses chroniques radiophoniques Histoires de peinture (édité ensuite en livre), l'Historien de l'Art Daniel Arasse parle de ces "lieux de peinture" que sont les salles peintes à fresques de la Renaissance. Le spectateur, en effet, ne s'y trouve pas dans un rapport frontale comme dans le tableau, mais bien au centre de la scène, immergé dans l'oeuvre même.
Il donne l'exemple particulier de la Chambre des époux de Mantegna, avec son célèbre occulus, qui ouvre l'espace vers l'extérieur duquel nous observent des personnages en raccourcis d'une grande maîtrise du point de vue de la perspective.
Mantegna, La chambre des époux, 1471-74. Fresque, Palais ducal de Mantoue, Italie |
Dans son allégorie des Arts de 1551, l'artiste démontre sa maîtrise du raccourci.
Veronèse, Allégorie des Arts, 1551 L'oeuvre est fidèle à l'iconologie de Cesare Ripa: La Poésie, supérieure aux autre Arts, la peinture avec le tableau, l'architecture avec le plan, la vertu à gauche et en bas le désœuvrement, ruine du corps et de l'esprit. |
Dans la Villa Barbaro, le plafond de la salle de l'Olympe est particulièrement riche en symboles. Le programme, élaboré par Daniel Barbaro, utilise les figures de la mythologie romaine dans une vision du monde christianisée. On y retrouve, autour de la sagesse divine chevauchant un dragon, les planètes, les signes astrologiques, les éléments, les saisons, les vertus et l'image du temps qui passe (voir document).
Veronèse, plafond de la salle de l'Olympe, Villa Barbaro, 1561, Maser, Italie |
On trouve aussi des voutes peintes dans les salle plus petites, comme celle de l'Enseignement du vin par Bacchus dans la salle Stanza di Bacco ou le tribunale de l'Amour dans la salle Stanza del amore.
Plus d'infos sur les fresques de la Villa sur le blog ArtPlastok
Plan du permier étage de la Villa Barbaro |
Véronèse est l'auteur de nombreux autres plafonds. En voici quelques uns:
Venise - Palais des Doges - Salle du Conseil des Dix - Le plafond peint par Veronèse Photographie issues du Blog de Max Labatut |
Veronèse, le triomphe de Venise |
Chez Sophie Taeuber-Arp, les peintures du plafond sont souvent un prolongement des fresques du mur. Les motifs géométriques, d'inspiration figurative (personnages, arbres, animaux...), des premières propositions, feront place pour l'Aubette à un minimalisme plus proche des principes de De Stijl et de Teo Van Doesburg qui participe au projet.
Sophie Taeuber-Arp, Fresques murales pour la maison Heimendinger, 1927 scan issu de l'ouvrage Rythmes plastiques, réalités architecturales, fondation Arp |
Sophie Taeuber-Arp, salon de thé de l'Aubette, Strasbourg, 1927 Photographies d’époque scan issu de l'ouvrage Rythmes plastiques, réalités architecturales, fondation Arp |
Sophie Taeuber-Arp, Projet pour le salon de thé de l'Aubette, 1927 Crayon et encre de chine sur papier, 129 x 99 cm |
Théo Van DOESBURG, vue du cinéma-dancing de l'Aubette, Strasbourg, 1926-1928 Reconstitué aujourd'hui d'après les photographies et plans d'époque |
Sophie Taeuber-Arp, Foyer-bar de l'Aubette, Scan issu de la revue Le cabinet de l'amateur n*14, édition des musées de Strasbourg, Reconstitué aujourd'hui d'après les photographies et plans d'époque |
Pour compléter l'article, quelques plafonds notables d'autres artistes qui nous permettent de parler de l'importance de la mise en scène des oeuvres, de leurs rapports à l'espace et des modalités de PRESENTATION.
Corrège, Assomption de la Vierge, 1530, Cathédrale de Parme - fresque |
Andrea Pozzo, Le triomphe de St-Ignace, Plafond de la nef de l'Église Saint-Ignace-de-Loyola |
Olafur Eliasson, The Weather Project |
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