jeudi 14 mai 2015

L'oeuvre de la semaine

René Magritte, la trahison des images, 1929, huile sur toile, 59x65 cm, Los Angeles Country Museum

La Trahison des images (1928huile sur toile, 59 × 65 cm) (Los Angeles County Museum of Art) est un des tableaux les plus célèbres de René Magritte. Il représente une pipe, accompagnée de la légende suivante  : « Ceci n’est pas une pipe. » L'intention la plus évidente de Magritte est de montrer que, même peinte de la manière la plus réaliste qui soit, une pipe représentée dans un tableau n’est pas une pipe. Elle ne reste qu’une image de pipe qu'on ne peut ni bourrer, ni fumer, comme on le ferait avec une vraie pipe.
Magritte a d’ailleurs développé ce discours du rapport entre l’objet, son identification et sa représentation dans plusieurs tableaux de 1928 à1966, la série commençant avec La Clef des songes et s'achevant sur une mise en abyme de La Trahison des images : Les Deux mystères. (source Wikipédia)

Le tableau de Magritte nous invite à nous méfier des images et du langage ainsi que du pouvoir que nous leur donnons. Il s'appuie ainsi sur de la sémiotique qui nous permet de dire que le mot chien ne mord pas.
Une des notion dégagé dans cette oeuvre est celle du Vrai et du Faux.
Cette notion nous servira de fil conducteur pour porter de nouveau un regard sur les trois œuvres du programme.

Claes Oldenburg et Cosjee Van Bruggen, La bicyclette ensevelie, 1990
Dans l'oeuvre du couple Oldenbrug/Bruggen, le vrai et le faux jouent à plusieurs niveaux. On le retrouve par exemple dans le changement d’échelle mais aussi dans la fragmentation de l'objet qui est en fait constituée de 4 sculptures autonome.

Oldenburg et Van Bruggen, croquis préparatoire à la poignée de la bicyclette

Si l'ensemble évoque bien une bicyclette fictive (il n'y a évidement pas de vélo géant sous la terre), chaque sculpture renvoie aussi à quelque chose, Dans le croquis préparatoire ci-dessus, la poignée de guidon est pensée comme une sorte de canard hilare (on peux aussi penser au cygne de Léonard de Vinci dans le tableau de Leda mais je vais peut être un peu loin...)


Dans les fresques de Veronese, peinte à la villa Barbaro di Masere, le vrai et le faux est un élément central de la construction picturale.
Les trompe-l'oeil jouent avec l'architecture de Palladio en y ajoutant de faux éléments architecturaux (colonnes, balustrades, sculptures...).


Cette villa est une résidence secondaire des Barbaro, nobles de Venise, qui venaient y organiser des fêtes. Les peintures font partie de ces nombreux jeux dont raffolaient les cours de la Renaissance.


Au bout de ce vraie couloir, une fausse porte s'ouvre sur sur une fausse pièce ou Veronese s'est peint lui même et nous regarde. Des regards, des portes qui s'ouvrent et se ferment... C'est toute une histoire du divertissement bourgeois qui se joue sous nos yeux.


Joan Fontcuberta est peut-être celui des trois artistes du programme dont le thème du vrai et du faux est le plus au centre de la démarche artistique et de la problématique.
Comme Magritte il réfléchis beaucoup au pouvoir que nous donnons aux images et particulièrement à la photographie.
Pour beaucoup de monde, et encore aujourd'hui, la photographie EST le réel, alors que nous savons bien tous qu'il est possible de créer des images photographiques fictives par la mise en scène ou la retouche numérique.


Avec la série Fauna, Fontcuberta invente l'histoire d'un scientifique travaillant sur la cryptozoologie et ayant découvert des animaux inconnus et étranges.
Il va alors créer de fausses preuves (dessins, photographies mais aussi radios et animaux empaillés) pour nous faire croire à l'existence de créatures horribles ou absurdes.


Bien sur devant les images, le spectateur doute, car les trucages sont parfois volontairement un peu gros. Mais en choisissant d'exposer son travail dans des museum d'histoire naturelle plutôt que dans des lieux d'Art il pointe l'importance du contexte ou de la source d'une information dans notre perception au vrai et au faux.



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