Au XVIIe siècle, les ports européens deviennent des lieux stratégiques, véritables pivots de la puissance économique et politique des États. En France, sous le règne de Louis XIV, les ports comme Bordeaux, Nantes, Marseille ou Le Havre jouent un rôle central dans le développement du commerce maritime, de la colonisation et de la rivalité entre les nations.
Le commerce maritime s’intensifie avec l’essor des compagnies des Indes (créées en 1664 pour l’Orient et en 1664 pour l’Occident et dans laquelle Joseph Vernet va investir), qui organisent le transport de marchandises précieuses : épices, soieries, sucre, tabac, mais aussi esclaves dans le cadre de la traite négrière. Les ports sont ainsi des interfaces entre l’Europe et le reste du monde, générant d’immenses richesses pour les royaumes et les marchands.
La construction navale se développe, stimulée par les guerres et la course aux colonies. Les arsenaux, comme celui de Toulon ou de Brest, deviennent des symboles de la puissance militaire et économique de la France. Les ports sont aussi des lieux d’innovation technique et financière, avec l’émergence de nouvelles formes de crédit et d’assurance maritime.
Enfin, les ports sont des vitrines du pouvoir royal. Louis XIV et son ministre Colbert comprennent que maîtriser les mers, c’est dominer l’économie mondiale. Les ports deviennent des espaces de contrôle, de taxation, et de rayonnement culturel, attirant artistes, artisans et savants.
Au XVIIIe siècle, Joseph Vernet (1714-1789) est chargé par Louis XV de réaliser une série de tableaux représentant les principaux ports de France. Ces œuvres, à la fois documentaires et idéalisées, ne se contentent pas de décrire des paysages : elles célèbrent la puissance maritime et économique du royaume.
Les Ports de France sont une commande officielle royale à visée propagandiste, destinée à montrer la modernité et la prospérité des infrastructures portuaires. Vernet met en scène des ports animés, des navires imposants, des architectures monumentales, et une nature maîtrisée. Chaque détail – des grues aux entrepôts, des docks aux phares – souligne l’efficacité et la richesse du commerce maritime.
Vernet utilise la lumière, les contrastes et la composition pour créer une impression de dynamisme et d’abondance. Les ciels dramatiques, les reflets sur l’eau, les scènes de déchargement de marchandises, tout concourt à donner une image de vitalité économique. C'est une esthétique au service de l’économie.
Pour aller plus loin (sujets possible de grand Oral) :
En quoi ces tableaux peuvent-ils être considérés comme des « paysages économiques » ?
Comment l’art peut-il servir à la fois de témoignage historique et d’outil de propagande ?
Bibliographie sélective:
Ouvrages sur l’économie et les ports au XVIIe siècle
- Braudel, Fernand, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Armand Colin, 1949. Un classique pour comprendre le rôle des ports dans les échanges méditerranéens et atlantiques.
- Meyer, Jean, Colbert, Hachette, 1981. Analyse la politique économique de Colbert et le développement des ports sous Louis XIV.
- Butel, Paul, Les négoces maritimes français au XVIIIe siècle, SEVPEN, 1974. Étude sur le commerce maritime et l’importance des ports dans l’économie française.
Documentaires
- « Les Routes de l’impossible : Les grands ports du monde » (Arte, 2018) Épisode consacré à l’histoire des ports et leur rôle dans l’économie mondiale, avec des archives et des reconstitutions.
- « Versailles, le rêve d’un roi » (France 5, 2017) Évoque la politique économique de Louis XIV, dont le développement des ports et des compagnies maritimes.
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