L'oeuvre de la semaine du 24 janvier: le blanc dans l'Art
Pour la chercheur et linguiste Annie Mollard-Desfour, "le blanc est une couleur neutre, achromatique, et s'oppose à la couleur et aux diverses tonalités (bleu, rouge, vert...). Du point de vue physique le blanc n'est pas une couleur mais une absence de couleur. Et depuis Newton et la décomposition de la lumière blanche en couleurs spectrales, le blanc est aussi considéré comme la somme de toutes les couleurs du spectre de la lumière. Couleur neutre ou achromatique, le blanc s'oppose donc à la couleur mais les absorbe et les renvoie toutes" (Le Blanc, 2008, CNRS édition)
Les associations symboliques sont nombreuses: Blanc de la lumière, du paradis, de la royauté, des qualités morales, de la pureté de l'âme, de la paix mais aussi de la vieillesse, du deuil, du vide, du silence...
Rogier Van der Weyden, portrait de femme, 1440
Portraits de François 1er, dessins de ou d'après Jean Clouet (16ème-17ème siècle)
Jean Auguste Dominique Ingres, Portrait de Mademoiselle Caroline Riviere, 1805
Henri Gervex, portrait de Madame Valtesse De La Bigne, 1879
Gabriel Von Max, l'anatomiste, 1869
Gabriel Von Max, La vierge extatique Anna Katharina Emmerick, 1885
Veronèse, autoportrait de la Villa Barbaro, 1560
Autopotrait présumé de Veronèse dans le tableau Les noces de Cana
Eva Gonzalès, Le réveil, 1876
Comme les impressionnistes s'intéressaient à peindre la lumière, le blanc leur permettaient d'en démontrer toutes les subtilités et les nuances colorées
Renoir, Répétition d'un Ballet sur la scène, 1874
Sorolla, Mère, 1895
Monet, la Pie, 1869, musée d'Orsay
Monet,Camille Monet sur son lit de mort, 1879
Dans l'art moderne le blanc fait état du vide, de l'absence, de la perte des repères et des valeurs mais aussi de l'infini et de la mort.
Jasper Johns, Drapeau Blanc, 1955
Andy Warhol, Four White Mona Lisa, sérigraphie
OPALKA, 1965, série / 1 - ∞ Détail 993460 - 10178751, Acrylique sur toile
Le monochrome blanc initié par Kasimir Malévitch s'approche du degré zéro de la peinture et la montre pour ce qu'elle est: aplat de matière sur une surface. On peux jouer alors avec les textures, les supports, les reliefs, les teintes...
Malévitch,Carré blanc sur fond blanc, 1918, huile sur toile, Moma de New-York
"Avec cette œuvre, Malevitch repousse les limites de l'abstraction. Il ne garde de la matière que l'idée de la couleur pure. Décidant d'oublier tout ce que les mouvements modernes ont pu produire jusqu'à présent, il cherche "le degré 0 de la peinture". Il veut créer une nouvelle peinture. Peinte en 1918, cette œuvre est créée un an après la Révolution russe. Pour le peintre, la révolution aurait ouvert la voie à une nouvelle société, dans laquelle l'Homme devrait se libérer du matériel pour aller vers le spirituel.
La toile est composée de deux carrés différenciés par une taille et une teinte de blanc distinctes, couleur qui, selon l'artiste, représente l'infini. Le plus petit carré est désaxé et donne ainsi un sentiment de mouvement et de dynamisme à la toile.
Le Carré blanc sur fond blanc réinvente la peinture en la réduisant à la pure couleur. En se focalisant sur la matérialité de la couleur, Malevitch libère la pratique de la peinture de toute référence au monde réel. L'observation de son tableau ne doit rien susciter d'autre qu'une émotion pure, dépourvue de réflexion." (Source: Porteurs d'art)
Heinz Mack, white rotor, 1958, bois, vitre moteur "Constitué en 1957 à Düsseldorf par Heinz Mack, Günter Uecker et Otto Piene, le groupe ZÉRO est plus qu’un groupe. Il est un réseau dont les membres, des artistes de toutes générations et origines, se rassemblent dans l’atelier de ses fondateurs le temps d’une « exposition d’un soir ». On y retrouve les grands ténors de l’avant-garde et notamment du monochrome : Lucio Fontana, Piero Manzoni, Yayoi Kasama, Yves Klein… Leur point commun : une opposition à l’expressionnisme abstrait, à la subjectivité de l’artiste, ainsi qu’à toute forme de réalisme. Après des études à l'Académie de Düsseldorf et de philosophie à l'Université de Cologne. Heinz Mack, cofondateur du groupe ZÉRO, réalise à partir de 1958 ses premiers reliefs et cubes lumineux. Lichtrotoren, Sonne des Meeres (Rotateur de lumière, soleil de la mer) est représentatif de son travail sur la vibration de la lumière. Entre métal et étoffe (l’aluminium est traité comme un velours), objet industriel et précieux (l’énorme machine évoque un disque solaire), fixité et mouvement (le mouvement est simplement optique), monochrome, lourde et légère à la fois, cette œuvre sollicite tant l’imaginaire que les sens. Aux confins des influences avant-gardistes des années 1950-60, Mack est un des principaux représentants de l’art cinétique allemand." (source: Centre Pompidou)
Gunther uecker
Enrico Castellani, Superficie angolare bianca n°6 (Superficie angulaire blanche n°6), 1964Acrylique sur toile tendue sur un arc métallique et sur deux châssis formant un angle droit Peinture acrylique sur toile, 149,7 x 145 x 59 cm
Piero Manzoni, Achrome, 1961, Cotton, laine sur bois
Robert Ryman, chapter, 1981
Lucio Fontana, Concetto spaziale, attese, 1965
"Ce monochrome lacéré au cutter est représentatif du travail de LF depuis 1949 qu’il nomme ses « Concepts spaciaux ». Désirant déconstruire le statut de la toile bidimensionnelle, elle est recouverte d’une surface monochrome avant d’être malmenée à l’aide de perforations répétées ou de lacérations linéaires.Cette lacération, ou «Tagli »,rend visible la matérialité, l’épaisseur de la toile et la propulse ainsi dans l’espace réel.Loin de l’apparente simplicité formelle, ce geste qui va à l’encontre des formes traditionnelles de la peinture interroge le néant pour ouvrir la peinture à sa dimension métaphysique." (source artsavelife)
L'art vidéo et le cinéma expérimental à aussi exploré le monochrome blanc, matière vierge du film ou pure lumière du projecteur.
Chez Sophie Taeuber-Arp, le blanc permet de jouer avec la lumière dans ses sculptures et reliefs.
Sophie Taeuber, tête, 1912, plâtre
Sophie Taeuber-Arp, relief
Jean / Hans Arp, Etoile, marbre, 57 x 52 x 10.5 cm
Cette oeuvre, qui se trouve sur la sépulture de Sophie, pourrait en être un portrait car elle évoque tant l'idée d'une étoile incomplète que la forme d'une danseuse.
Dans l'Art contemporain le blanc se pare souvent de l'étrange, du bizarre, et de la mort.
Kimiko Yoshida, autoportrait, 2008?, Photographie
Au Japon, le blanc est une couleur cherie entre toute, symbole de purete, de raffinement et jadis, de noblesse.
Kimiko Yoshida
Andres Serrano, klanswoman (grand klaliff - knights of the ku klux klan), série photographique sur le groupuscule raciste américain KKK
Andres Serrano, the morgue (child abuse), les images grand format d'Andres Serrano montre la violence du monde sous l'aspect de peinture de la Renaissance (lumière, cadrage, drapé...). Cela nous questionne sur notre rapport aux images et à l'esthétique.
Rachel Whiteread, Unwalling house, 1993
L'artiste fait des moulage de l'interieur de maisons vouées à la démolition. Par ce geste elle remplie les vides et les absences et met en évidence la mémoire des lieux.
"Il est de ceux qui collectionnent des vinyles... et il y a celui qui n'en collectionne qu'un seul, toujours le même : l'album blanc des Beatles. Le site Dust and grooves a rencontré Rutherford Chang, qui expose en ce moment dans une galerie de Portland (Etats-Unis). Cet artiste new-yorkais présente ses 693 albums blancs, mais ne vend pas sa collection - au contraire. Il est prêt à acheter tout album blanc que les visiteurs lui présenteraient, quel que soit son état."J'ai acheté mon premier album blanc 1 dollar dans un vide-grenier à Palo Alto quand j'avais 15 ans", raconte-t-il. Il explique sa collection par "une réaction à l'absence d'objet à l'heure de la musique digitale. Chaque vinyle est un objet qui vieillit à travers le temps, ce qui se voit très bien sur les albums blancs". Rutherford Chang assure écouter l'album blanc tous les jours. Il a d'ailleurs enregistré 100 fois l'album et superposé les versions " (source l'Obs)
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