Un mécène est une personne qui apporte un soutien financier à un artiste. Le mot viens d'un homme politique de la Rome antique, Caius Cilnius Mæcenas, ayant consacré sa fortune à promouvoir les Arts et les Lettres.
La Villa Barbaro di Maser peinte par Veronèse est la propriété des frères Barbaro, personnages politiques riches et influents de la République de Venise.
Daniel Barbaro (1514-1570) est un mathématicien, astronome et musicologue connu pour sa traduction en italien du traité latin De Arcitectura de Vitruve (vers -15 AV JC)
Paolo Veronèse, Portrait de Daniel Barbaro, 1556 |
Dans ce portrait peint par Véronèse, il est représenté avec ce fameux traité, que l'on voit agrandie dans le détail ci-dessous. Avec cette image il impose au monde une image d'homme de lettres.
Veronese, Portrait de Daniele Barbaro, 1562-1570 |
Une page du traité d'architecture de Vitruve. Ce texte est le plus ancien traité d'architecture connu. |
De Architectura, edition de Daniele Barbaro, 1557 |
Daniel Barbaro, Couverture du livre La Pratica della Perspettiva, Venise 1568 |
Page du traité de perspective |
Mercantonio Barbaro (1518-1595), son frère est un homme politique pratiquant les Arts (dessin, peinture, sculpture...)
Tintoretto, Portrait de Marcantonio_Barbaro, 1593 |
Portrait de Marcantonio Barbaro attribué à Paul Veronèse |
La villa Barbaro, construite entre 1550 et 1560, à Maser, dans la campagne vénitienne est conçu comme un manifeste pour imposer une nouvelle esthétique architecturale. Elle à été construite par l'architecte Palladio, en étroite collaboration avec Daniel Barbaro.
Plus d'infos sur la Villa et la famille Barbaro ici:
Vue aérienne le la Villa Barbaro |
Dessin axonométrique de la Villa Barbaro avec coupe du bâtiment principal |
Barbaro est une famille patricienne et noble de Venise, venue de Trieste au ixe siècle. Ils occupèrent des emplois publics dès 992, tel que procurateurs de Saint-Marc, sénateurs, ambassadeurs et généraux. Ils rejoignirent la noblesse par cooptation en 1310 à l'issue de la guerre de Gênes.
- Francesco Barbaro fut au xve siècle chevalier et procurateur; il défendit Brescia contre Visconti, duc de Milan ; il fut envoyé ambassadeur auprès de l'empereur Wenceslas.
- Antonio Barbaro se distingua comme duc de Candie (1667) et ambassadeur à Rome; ses richesses servirent à refaire la façade de l'église Santa Maria del Giglio en marbre grec et d'y placer la statue de Francesco Barbaro.
- Hermolao Barbaro(1454-1493), ambassadeur auprès d'Innocent VIII, fut fait patriarche d'Aquilée contre l'avis de Venise; il édita lHistoire naturelle de Pline corrigée, un abrégé de Philosophie, des questions de géométrie et de Médecine, des lettres et traités sur diverses matières.
- Nicolò Barbaro (1420-1494), ambassadeur de Venise à Constantinople en 1453.
- Josaphat Barbaro, explorateur.
- Daniel Barbaro, diplomate et écrivain (1514-1570). (source Wikipédia)
Le blason de la Famille Barbaro |
La famille Barbaro est puissante et influente dans la région de Venise. Ils possèdent plusieurs palais dans différents points de la Ville dont voici quelques exemples:
Veronèse, comme beaucoup d'artistes de l'époque, travaille presque exclusivement sur commande et fera de nombreuses fresques pour la République de Venise.
En voici une chronologie sélective:
"En 1548, il quitte sa ville natale et, grâce à sa renommée grandissante, il obtient et exécute plusieurs commandes. Il se rend quelque temps à Trévise où, en 1551; l'architecte Michele Sanmicheli le charge, avec le peintre Giovanni Battista Zelotti de décorer la villa Soranza, près de Castelfranco Veneto, qu'il venait de construire. Son travail y est remarqué par le cardinal Ercole Gonzague qui, l'année suivante, lui commande un tableau pour la cathédrale de Mantoue, la Tentation de saint Antoine (musée des beaux-arts de Caen).
Par la suite, il décore la villa Emo à Fanzuolo, un hameau de la commune de Vedelago dans la province de Trévise, construite par l'architecte Andrea Palladio, qu'il avait rencontré à Vicence. On lui confie également la décoration du palais du Collatéral, à Thiene où, toujours en compagnie de Giovanni Battista Zelotti, il réalise, dans un style déjà très libre et personnel, plusieurs peintures de l'histoire ancienne (Xerxès recevant les présents de Cyrus, le Mariage de Massinissa et de Sophonishe, Mucius Scaevola se brûlant le poing, le Festin d'Antoine et de Cléopâtre).
En 1552, il obtient une première commande pour l'église San Francesco della Vigna à Venise pour laquelle il réalise la Conversation sacrée. L'année suivante, sa réputation toujours grandissante amène le père Bernado Torlioni, prêtre de l'église San Sebastiano à Venise que Véronèse avait rencontré à Vérone, à le faire venir auprès de lui pour lui confier les peintures de l'église.
Il s'installe donc à Venise en 1553. Les commandes officielles sont nombreuses car il est devenu le « peintre de la République ». Il réalise notamment, en compagnie des peintres Giambattista Ponchino (it) et Giovanni Battista Zelotti, les fresques des salles du conseil des Dix au palais des Doges. Véronèse exécuta notamment un médaillon qui décorait, en son centre, le plafond de la Salle des audiences : Jupiter foudroyant les Vices. Il décore également la salle de la Boussolla d'un Saint Marc couronnant les Vertus qui est à présent au musée du Louvre.
En 1555, il entreprend la réalisation du plafond de la sacristie de l'église San Sebastiano avec le Couronnement de la Vierge et les Quatre évangélistes. On lui demanda ensuite des panneaux ronds, ovales ou carrés, destinés à être insérés dans le plafond de la nef. Il y raconte trois scènes du Livre d'Esther, entourées d'anges, de balustrades décoratives et de figures allégoriques : Esther présentée au roi Assuérus, le Couronnement d'Esther et le Triomphe de Mardochée achevées le , onze mois après leur commande. Cette série de chefs-d'œuvre a fait de cette petite église un lieu de pèlerinage pour tous les peintres postérieurs.
Avec le soutien de Titien et Jacopo Sansovino, il est désigné, avec six autres peintres célèbres dont Battista Franco, Giuseppe Porta, Bartolomeo Ammannati et Le Tintoret, pour participer à la décoration du plafond de la salle de la Libreria de la Biblioteca Marciana (ou bibliothèque Saint-Marc). Il réalise notamment trois allégories (la Musique, la Géométrie et l'Arithmétique, l'Honneur) pour lesquels il obtint une prime, un collier d'or, qui lui est décerné publiquement par Titien.
Veronèse retourne quelques mois à Vérone, sa ville natale. De ce séjour, il laissera une série de peinture dans plusieurs édifices dont l'église Santa Maria della Vittoria (Déposition de Croix) et le musée municipal (Portrait de Pace Guarienti).
En 1562, Véronèse entreprend la décoration de la villa Barbaro à Maser en Vénétie appartenant à Daniel Barbaro et son frère, Marcantonio. Ceux-ci avaient engagé le célèbre architecte Andrea Palladio en 1556 pour la construction de leur villa et ils confièrent ensuite la décoration picturale à Véronèse que Daniel Barbaro avait rencontré vers 1553, lorsqu'il exécutait ses compositions pour la Salle des audiences au palais des Doges. Véronèse réalise dans cette villa des fresques qui marquent l'apogée de son art parmi lesquelles il faut citer L'Harmonie universelle, ou L'Amour divin entouré des dieux olympiques, Vénus et Vulcain avec Proserpine ou bien encore Bacchus et les nymphes. De très nombreuses pièces sont décorées des fresques de Véronèse et, partout, l'espace architectural est mis au défi grâce à l'usage de trompe-l’œil d'illusions picturales.
C'est à cette même période, entre 1562 et 1563, que Véronèse peint la plus célèbre de ses œuvres, Les Noces de Cana2 qui lui avait été commandée pour le réfectoire du monastère bénédictin de Penquesten situé sur l'Île de San Giorgio Maggiore, à Venise. Comme dans d'autres tableaux de Véronèse représentant un banquet3, la scène reflète les festivités qui étaient courantes à l'époque dans la vie vénitienne. La peinture est immense avec presque dix mètres de large et elle contient plus d'une centaine de personnages, dont les portraits reconnaissables de Titien, de Tintoretto, et de Véronèse lui-même.
Entre 1575 et 1577, Véronèse réalise, au palais des Doges, le Triomphe de Venise pour la salle du Grand Conseil et les Allégories de la Vertu pour la salle du Collège qui comptent parmi ses grands chefs-d’œuvre." (source: Wikipedia)
La Bicyclette Ensevelie de Claes Oldenburg et Cosjee Van Bruggen est une commande de l'établissement public du Parc de la Villette (Paris 19eme arr) dans le cadre des grandes commandes d'Art public lors du premier mandat du président le la Rébulique François Mitterrand (Création des Frac et relance de la commande public pour augmenter le patrimoine artistique).
La commande est passée en 1985 et acceptée en 86. Mais les négociation entre les différents acteurs du projet sont longue et mettent en péril le projet. C'est la présentation de la maquette au ministre de la culture qui facilitera son installation définitive en 1990.
Le couple d'artiste, qui est toujours très soucieux d’intégrer leurs œuvres dans l’environnement, a cherché, par les formes et les couleurs, à entrer en résonance avec les œuvres déjà présentes, comme les architectures de Bernard Tschumi, les chaises de Philippe Starck, la fontaine de Manolis Marikadis ou la Géode.
Vue aérienne du parc |
Les “Folies” du parc de La Villette.
Le projet du Parc de la Villette prévoyait des activités diverses : culturelles, pédagogiques, sportives, de loisirs, sur un site de 55 hectares. La réalisation architecturale du parc a été confiée en 1983 à Bernard Tschumi architecte français d'origine suisse, suite au concours international. Au lieu d’ajouter un nouveau bâtiment, Bernard Tschumi décida de construire 26 lieux disséminés à travers tout le site, “Les Folies“. Une « galerie » rectiligne couverte d'un toit en forme d'onde fait la liaison entre le nord et le sud. Les vingt-six Folies du Parc de la Villette, réparties tous les 120 mètres, dessinent une grille éclatée sur l’ensemble du site. Certaines ont une fonction (restaurant, café, poste de secours, ateliers…), d’autres pas. Toutes conçues sur le principe de déclinaison d’un cube rouge de 10,8 mètres de côté, elles sont plus ou moins ajourées, et laissent apparaître une structure de 27 cubes plus petits, de 3,6 mètres de côté. Leur nom générique, « folie », structures pittoresques à découvrir le long du parc de La Vilette.
© Photos Didier Raux - www.didier-raux.com - Press-book Archi |
© Photos Didier Raux - www.didier-raux.com - Press-book Archi |
Dessin des Folies de Bernard Tschumi. On retrouve certaines couleurs de la bicyclette et un jeu de formes minimaliste mais ludique. |
STARCK Philippe, 155 Sièges pivotants du Parc de la Villette, 1984 |
Sygma antigravitationnel de Manolis Maridakis face à la Géode. Photo:© CSI/M. Lamoureux Construite par les architectes Adrien Fainsilber et Gérard Chamayou, elle fut inaugurée le par le président de la République François Mitterrand.
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La page officielle de l'oeuvre sur le site des artistes: http://oldenburgvanbruggen.com/largescaleprojects/buriedbicycle.htm
Bill Viola travaille assez peu sur commande, contrairement à Oldenburg qui travaille presque exclusivement de cette manière, en piochant dans ses dessins et maquettes pour répondre à des projets d'Art public.
Pour le cas de Bill Viola on peux tout de même évoquer The Passions qui est le fruit des recherches menées en 1998 à l’initiative de Salvatore Settis, alors directeur du Getty Research Institute, qui lui proposa d’explorer la représentation des passions. Une page est largement dédiée à ce corpus d’œuvres sur cette page du blog:
http://artsplastiqueslcf.blogspot.com/2016/04/bill-viola-et-la-reference-la-peinture.html
Mais si on veux s’intéresser à une oeuvre de commande pour un lieu précis, comme c'est le cas pour les deux autres références du programme, on peux trouver un exemple intéressant.
Bill Viola, Martyrs (Earth, Air, Fire, Water), 2014 |
Les martyres (Terre, Air, Feu, Eau) est un retable contemporain composé d'écrans vidéo (dont certaines images issue du Tristan et Iseult). C'est une commande de la cathédrale St Paul de Londres et de la Tate moderne qui représente 10 ans de travail et qui à été payé par du mécénat privé.
L'oeuvre est exposée derrière l'autel de l'église pour une durée de 10 ans.
Une explication très complète se trouve sur la page de l'artiste, en anglais:
http://billviolaatstpauls.com/martyrs/
Dans une interview l'artiste Bill Viola expliquait:
"La cathédrale Saint-Paul voudrait bien attirer vers elle un peu des cinq millions de visiteurs qui se rendent chaque année à la Tate Modern, située en face, au-delà du Millenium bridge. Ce sont des polyptyques permanents, comme à la Renaissance. Dans une chapelle, il y aura un triptyque évoquant la vie de la Vierge dans le désert (elle devrait ouvrir en 2015) et dans une autre chapelle, un polyptyque inauguré en mai dernier, en quatre écrans évoquant les Martyrs. L’art est là pour exprimer les sentiments. Il doit reproduire, chaque fois à sa manière, les grandes histoires de l’homme, les grandes expériences que l’humanité a connue, génération après génération. Chaque génération d’artistes doit repenser et refaire ces histoires et idées de l’humanité pour pouvoir mieux refléter le monde contemporain. "
(Source:http://www.lalibre.be/culture/arts/bill-viola-montre-les-martyrs-a-st-paul-53d2790a35702004f7d8da8c)
Cathedrale St Paul |
Bill Viola à été sollicité par le Vatican pour représenter le micro Etat pontifical lors de sa première participation à la Biennale de Venise en 2013. Il a décliné l’invitation mais reste attaché à la présentation de ces pièces dans des églises. L'image vidéo, dans la pénombre et le silence des ces lieux de culte, diffuse une lumière proche de celle des vitraux ou des icônes dorées éclairées à la bougie.
"Rares sont les artistes qui trouvent leur place autant dans les lieux de culture que les lieux de culte. La vision spirituelle de Bill Viola l’a amené à être exposé dans des églises et des cathédrales : sa recherche de la transcendance, à travers des thèmes comme la vie après la mort, ou le baptême, ont justifié son entrée dans les lieux sacrés.
L'artiste utilise la technologie comme une force spirituelle. Leurs forces et leurs faiblesses sont transposables à celles de l’être humain : dans Heaven and Earth, deux vidéos, l’une représentant la naissance et l’autre la mort, sont diffusés sur des écrans cathodiques retenus par de simples fils de fer : on lit dans la fragilité du support celle de ses sujets. L’essence même du numérique est impalpable, conceptuelle, métaphysique. Et nous-même, sans la spiritualité, ne sommes plus qu’un code, reconnus par notre ADN. En ajoutant la spiritualité à ses vidéos, Bill Viola les rend œuvre d’art. Avec leur âme, les artistes font ce que ceux qui ont créé les machines n’auraient jamais imaginé. « Tous les arts créatifs sont une recherche de l’immortalité », explique Bill Viola." (Source: Grandpalais.fr)