mardi 8 mai 2018

L'oeuvre de la semaine du09.05.2018: Artistes marcheurs


Dans la lignée de l'éloge de la marche d'un certain nombre de philosophe et d'écrivain, d'Aristote à Rousseau, une poignée d'artistes ont fait du déplacement un art ou un outil de leurs oeuvres.
Cette tendance prend naissance dans le tumulte des années 60 où explose performance, Land Art et Art conceptuel mais l'idée d'artiste marcheur est déjà peut être embryonnaire dans les croquis réalisés en extérieurs de la Renaissance (Léonard De Vinci) puis les peintures en plein air des impressionnistes. Puis dans l'existence de mouvements artistiques trans-frontalier comme Dada qui s'exprime par des expositions internationales, des revues (Plastic, Plastique de Sophie Taeuber-Arp) et des oeuvres envoyées par la poste (le mail art de Fluxus).
On peux aussi évoquer les pratiques de déambulations au hasard des surréalistes ou la pratique de la dérive et de la psychogéographie théorisée par le situationniste Guy Debord.
Enfin avec Richard Long, Francis Alÿs ou Hamish Fulton, la marche est utilisée pour réalisée des oeuvres avec le paysage ou pour elle même.

Léonard De Vinci, paysage de la vallée de l'Arno, 1473, plume et encre sur papier
Ce dessin est le premier paysage d'observation de l'histoire de l'Art

Léonard de VinciCarte du Val di Chiana, 1504, Windsor, The Royal Collection © 2008
Les longues promenades de Léonard lui permettrons de dresser des cartes détaillées, notamment lorsqu'il travaillera au service de Cesar Borgia 

Gustave Courbet, La rencontre (Bonjour Monsieur Courbet), 1854
Dans ce dessin, l'artiste se représente en promenade avec son matériel de dessin. Sa peinture de paysage influencera beaucoup les impressionnistes.

John Singer SargentL'aquarelliste peignant le Simplon, 1909Tout comme Cezanne, arpentant la montage Sainte-Victoire à Aix pour mieux la peindre, les artistes du début du XXème siècle sortent en plein air pour peindre. L'invention de la peinture en tube n'est pas étrangère à cette pratique. 


On Kawara, I Got Up, commencé en 1968, mail art
Lors de ses déplacement nombreux à l'étranger, l'artiste envoie des carte postale avec l'heure de son levé.


Richard Long, A line made by walking, England, 1967
Une ligne tracée au sol par les vas-et-viens de l'artiste dans l'herbe. Oeuvre éphémère crée par la marche avec le paysage et présentée par la photographie.



Richard Long
Parfois les traces de ses marches solitaires son de simples textes écrits sur le mur d'une exposition.
http://www.richardlong.org/textworks.html


 
Miquel Merce, Longitude sense amplada, 2015, Andorra Land Art


   
Hamish Fulton, Margate Walking, 2010 © Hamish Fulton
"Depuis le début des années 1970, Hamish Fulton parcourt le monde à pieds, effectuant des marches - qu’il appelle des artistic walks - au travers de différents paysages de tous horizons. L’implication physique de Fulton incorpore l’artiste à la nature, engagée à l’intérieur même de son processus de création. Dans son texte intitulé Into a Walk into Nature, Hamish Fulton évoque le potentiel de « transformation » de la marche, qui, par l'expérience du trajet parcouru, « optimise la perception et la réceptivité au paysage ». À la différence des artistes représentants du Land art, Hamish Fulton ne laisse aucune trace sur les paysages qu’il traverse, ni ne rapporte aucun objet à proprement parler. Seule la marche fait œuvre, constituant une « expérience artistique » qui ne peut pas, selon lui, rivaliser avec les notions traditionnelles de peinture ou de sculpture.
Au cours de ses expéditions, Hamish Fulton prend des clichés photographiques à des instants-clés de ses traversées, tandis qu’il prend note des itinéraires, des obstacles et des durées de chacune de ses marches. C’est ainsi qu’il s’est fait connaître sur la scène artistique internationale, par le biais d’expositions constituées d’œuvres singulières, comme autant de « traces » de ses artistic walks. L’artiste associe des photographies à des inscriptions textuelles, tandis que ses peintures murales renseignent le spectateur sur la durée, l’itinéraire ou encore les conditions de la marche." (source wikipedia)

   
Francis Alÿs, parfois faire quelque chose qui ne sert à rien, Mexico, 1997

 
Francis Alÿs, The Green Line, 2004



Quelques textes et sites pour approfondir:
L'arpenteur et le peintre

Et bien sûr l'excellent livre de David Le Breton, éloge de la marche
 





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