Dès ses débuts dans le cinéma en 2001 avec « Nofilm » (son premier long métrage au titre prometteur, un tournage se poursuivant sans acteurs ni camera ou presque), Quentin Dupieux, compositeur de musique électronique, scénariste, monteur et réalisateur, impose une singularité et un comique de l’absurde, souvent désopilant, résistant à toute classification… Depuis, des compositions incongrues entre les choses, les bêtes et les hommes fixent à chaque fiction notre attention en un rien de temps, jusqu’à l’irruption d’une mouche géante trouvée dans le coffre de leur voiture par deux potes en manque de perspectives [« Mandibule », 2020]. Imprégnée par les films d’horreur de son enfance, l’imagination débordante de Dupieux puise, consciemment ou non, dans les univers littéraires de Lewis Carroll ou de Samuel Beckett, et les formes cinématographiques de Luis Bunuel, de Bertrand Blier ou des frères Coen. Des influences souterraines tant nous pénétrons avec avidité dans chaque nouvelle création, happés par une atmosphère mêlée d’inquiétante étrangeté et de banalité ordinaire. « Incroyable mais vrai » cependant invente encore à partir d’un argument d’une simplicité enfantine : ‘Alain et Marie emménagent dans un pavillon. Une trappe située dans la cave va bouleverser leur existence…’.